Wooclap : se structurer pour bien grandir

Wooclap : se structurer pour bien grandir

Vous avez probablement entendu parler d’histoires de start-ups qui avaient tout pour réussir : un produit en or, des clients fidèles… mais qui, au moment de grandir, n’ont pas pu gérer la complexité et l’explosion des défis liés à la croissance. Créée en 2015, Wooclap a déjà une base de 200.000 utilisateurs dans 150 pays. Son fondateur Sébastien Lebbe et Xavier Huerre (Business Angel chez BeAngels) passent en revue les facteurs de succès d’une croissance et d’une expansion maîtrisées.

Wooclap, c’est quoi ?

Sébastien Lebbe - Wooclap est un outil à destination des enseignants et formateurs qui permet de capter l’attention des apprenants et de les faire participer lors d’une présentation, d’un cours ou d’une conférence. Cela permet de poser des questions, de créer des sondages, de mesurer la compréhension par vos audiences. Tout cela en temps réel.

Comment s’est passée votre rencontre ?

Sébastien Lebbe - Nous nous sommes rencontrés en 2017 suite à une session de pitch chez BeAngels. C’est Olivier Verdin, un de nos co-fondateurs et serial entrepreneur, qui nous a présentés. Olivier connaissait Xavier via une autre de ses start-ups, cela a facilité la rencontre.

Xavier - Sébastien ne le sait pas mais je l’avais déjà vu pitcher deux ans auparavant au BêtaGroup et il m’avait fait très bonne impression.

Qu’est-ce qui vous a plu chez Wooclap ?

Xavier Huerre - L’idée m’a d’emblée séduite. Ensuite, le fait que Wooclap bénéficiait déjà d’une traction commerciale grâce à sa base de dizaines de milliers d’utilisateurs. Et bien entendu, la personnalité et l’enthousiasme de Sébastien et de Jonathan, son associé. Dans une relation investisseur-porteurs de projet, l’aspect humain est très important, particulièrement à un stade précoce de financement.

Qu’est-ce qui vous a plu chez Xavier Huerre ?

Sébastien Lebbe - Je dirais son sens de l’à-propos. Il fait confiance, écoute avec beaucoup de bienveillance et intervient toujours avec beaucoup de pertinence. Ses réflexions sur l’évolution de notre business model et l’expansion internationale nous ont été très utiles.

Qui sont les autres investisseurs impliqués au sein de Wooclap ?

Sébastien Lebbe - En 2017, lors du premier tour de financement deux business Angels, la Région wallonne via WING by Digital Wallonia et le SIBA Venture Lab sont entrés au capital (350.000 euros ont été levés). En 2019, BeAngels a organisé un nouveau tour de table via son fonds d'investissement Scale I. Nous avons alors été rejoints, en plus des investisseurs historiques, par Alain Dehaze, CEO du groupe Adecco et Pierre-Olivier Beckers, ancien CEO du groupe Delhaize (1,4 million d’euros levés).

Comment s’implique Xavier au sein de Wooclap?

Sébastien Lebbe - Xavier est membre du Conseil d’Administration qui se réunit toutes les 6 semaines. En dehors de ces moments, je l’appelle pour des questions liées notamment à la structuration de l’entreprise et, par exemple, sur le titre de certaines fonctions. Ce sont des questions qui se posent régulièrement du fait de notre croissance. Outre Xavier, nos administrateurs s’impliquent beaucoup dans la vie de l’entreprise. Nous avons besoin d’un board soutenant. Nous sommes heureux d’avoir pu établir des relations de confiance avec eux, notamment en faisant preuve de transparence dans la communication de nos décisions.

Xavier Huerre : Je confirme sur la notion de la transparence des informations. C’est très important pour les investisseurs. Ce n’est pas toujours le cas dans une relation start-up-investisseur.

« « Je confirme sur la notion de la transparence des informations. C’est très important pour les investisseurs. Ce n’est pas toujours le cas dans une relation start-up-investisseur. » » Xavier Huerre

A quel stade de son développement se trouve Wooclap ?

Sébastien Lebbe - Dans une phase de croissance. Nous avons une base solide : 200.000 utilisateurs dans plus de 150 pays. Nous connaissons notre cible et leurs besoins, nous recevons beaucoup de retours d’expérience positifs. L’enjeu est de nous étendre à l’international et de nous concentrer sur certains marchés. Nous sommes par exemple en contact avec des universités afin qu’elles prennent des licences Wooclap pour tous leurs professeurs.

Souvent, ce sont d’ailleurs les professeurs qui utilisent les versions gratuites de l’application et qui, ensuite, demandent à leurs autorités académiques de prendre des licences payantes pour avoir accès à plus de fonctionnalités.

J’ai entendu parler de Wooflash, vous pouvez m’en dire plus ?

Sébastien Lebbe - Wooflash est une application d’apprentissage à distance que nous avons lancé prématurément du fait de la crise du coronavirus. C’est un des gros chantiers qui fait partie de notre stratégie de croissance. C’est un nouveau business à part entière avec ses opportunités mais aussi ses défis.

Wooflash est un outil très complémentaire à ce que l’on fait aujourd’hui et qui pourrait générer un axe de revenus très très intéressant.

Quels sont les défis d’une croissance internationale ?

Sébastien Lebbe - Renforcer l’équipe. On a toujours eu pour habitude de fonctionner avec une petite équipe. Aujourd’hui, la taille de l’équipe a doublé en quelques mois. Il faut donc se structurer pour gagner en efficacité et en efficience. L’autre défi, c’est bien sûr la structure de coûts qui augmente et le besoin de booster le chiffre d’affaires.

Xavier Huerre - Une fois qu’une entreprise décolle, comme c’est le cas de Wooclap, le gros challenge pour ses dirigeants est de faire grandir son équipe. Il faut alors professionnaliser et structurer les relations de travail. C’est souvent plus facile pour nous - investisseurs - qui avons du recul par rapport aux CEO et du fait que nous venons le plus souvent de structures plus grandes.

Je peux soutenir Wooclap en apportant mon expérience en termes de gouvernance liée à la croissance : les ressources humaines, la stratégie, l’organisation, le financement, le contrôle…

Concrètement, cela s’est manifesté comment ?

Sébastien Lebbe - Xavier nous a aidés à structurer notre organigramme, à définir les intitulés de fonction, de définir les mécanismes de concertation… De sorte que les nouveaux profils que nous intégrons à l’équipe mais également les profils « historiques » puissent trouver leur place dans notre organisation.

Quelles sont les prochaines étapes importantes du développement de Wooclap ?

Sébastien Lebbe. - J’en vois trois, et ils sont fortement corrélés.

  • Adresser de nouveaux marchés et faire des partenariats.
  • Augmenter drastiquement le nombre d’abonnements payants en ligne.
  • Le lancement d’un nouveau produit avec une forte valeur ajoutée pour les étudiants et les universités.

Ces trois défis étant très liés, il est encore une fois crucial de mettre la bonne structure en place et de recruter les bons profils.

Complétez cette phrase : sans votre business angel, les choses seraient plus…

Difficiles ! En dehors des réunions du Conseil d’Administration, j’appelle régulièrement Xavier pour des questions très spécifiques : le recrutement, les ressources humaines, l’emplacement de nos bureaux… Pour la deuxième levée de fonds, Xavier et moi avons beaucoup discuté sur la manière dont on allait présenter l’entreprise.

Certains disent que d’avoir des business angels, c’est gagner en capital mais perdre en autonomie, c’est vrai ?

Sébastien Lebbe - Je pense que j’avais besoin d’accompagnement et d’être encadré. Comme c’était ma première entreprise dans la tech, ça nous a aidés à mettre des processus et des structures en place. Mais je n’ai pas l’impression d’avoir perdu en autonomie. Être accompagné nous a beaucoup apporté en tant que personnes et en tant qu’entreprise.

Quel est le meilleur conseil que votre business angel vous ait donné ?

Sébastien Lebbe - Il y en a eu tellement (rires). Etre suffisamment capitalisé et se référer régulièrement au business model initial pour ne pas se perdre : nous sommes un outil Software as a Service par abonnement et pas une boîte de création de contenus par exemple.

Xavier, quel est le conseil que vous donnez le plus à Sébastien ?

Sébastien Lebbe - Je ne donne pas beaucoup de conseils mais je pose beaucoup de questions (rires). Le conseil que je donne le plus aux start-ups, c’est de générer des ventes le plus vite possible et le plus possible. C’est la seule source de financement durable. Dans ce sens, je les encourage à ne pas tarder à recruter des commerciaux pour finaliser les ventes.

Pourquoi vous êtes-vous adressé à BeAngels?

Sébastien Lebbe - Pour accéder à un réseau d’investisseurs. Olivier Verdin, un de nos fondateurs, avait déjà eu de bonnes expériences avec ce réseau. Rejoindre des réseaux comme BeAngels est un très bon moyen de tester l’intérêt des investisseurs pour votre projet. Nous sommes particulièrement contents d’avoir pu avoir des investisseurs de qualité relativement rapidement.

En quoi, BeAngels vous a agréablement surpris ?

Sébastien Lenne - La qualité de profils d’investisseurs que nous avons pu y rencontrer et cette belle rencontre avec Xavier. L’aspect humain est très important lorsque vous faites entrer des gens dans votre capital.

Pour vos besoins de Business Angel, que vous apporte BeAngels ?

Xavier Huerre - En tant qu’investisseur, je suis très heureux d’être alimenté par un véritable pipe-line de projets sur lesquels je peux « monter » ou pas. Cela m’intéresse également de rencontrer d’autres business angels. Un élément très intéressant chez BeAngels, c’est qu’ils sont très bien intégrés au sein des start-ups.