Aividens : réussir sa levée de fonds en plein confinement

Aividens : réussir sa levée de fonds en plein confinement

Après une longue carrière dans le corporate software, Edouard Beauvois décide de tout quitter pour se lancer dans une nouvelle aventure : AiVidens. La startup, qui a récemment levé des fonds auprès de BeAngels, propose un service qui identifie les créances à risque et prédit quand les clients vont honorer leurs factures. Retour sur l’expérience d’une levée de fonds qui s’est déroulée en pleine crise sanitaire du Covid 19…

AiVidens, c’est quoi ?

Edouard Beauvois - AiVidens, c’est l’histoire de trois fondateurs qui ont décidé de se lancer dans un projet commun sur base de l’intelligence artificielle. Notre solution aide les entreprises, de manière automatisée, à anticiper les retards de paiement et à optimiser les processus de recouvrement. En d’autres termes, nous aidons les entreprises dans leurs procédures lorsqu’elles n’ont pas reçu les paiements qui leur sont dus où lorsque le système prédit qu’une facture ne sera pas honorée à temps. La solution proposée permet de définir les stratégies de recouvrement les plus optimales, de prioriser le travail des collectors et de définir les actions à prendre les plus efficaces selon le contexte client.

Comment as-tu eu connaissance du réseau BeAngels ?

E.B - Début de l’année passée, nous avons bénéficié de l’aide « Proof of Business » d’Innoviris. Cette aide nous a ouvert plus d’une porte au travers de la Région de Bruxelles-Capitale et des structures telles que Hub.brussels ou Finance&invest.brussels. Dans le cadre d’un programme de coaching encadré par Hub.brussels, la question de la recherche des investisseurs a rapidement été abordée : comment se présenter face à eux, comment les trouver ? La personne qui nous a coachés s’est avérée être un membre de BeAngels, qui est aujourd’hui investisseur et membre du Conseil d’Administration d’AiVidens ! D’emblée, elle était très intéressée par notre projet et nous a recommandé de déposer notre dossier chez BeAngels.

Quelle était ta perception du réseau ?

E.B - J’avais l’impression que chaque investisseur présent dans un projet était représenté individuellement au sein de l’actionnariat. Mais ce n’est pas du tout le cas ! Une des craintes de l’entrepreneur est d’avoir trop d’actionnaires à gérer... Ce qui est intéressant avec le réseau, c’est qu’on a l’avantage d’avoir beaucoup d’investisseurs avec des compétences différentes, mais qui sont représentés par une seule entité. Par exemple, le groupe BAC (Business Angel Club) de BeAngels, est composé de 20 personnes et a investi dans AiVidens. Ces 20 personnes sont représentées par une seule et même personne au Conseil d’Administration, pas plus. De même que les personnes qui ont investi « en direct », c’est-à-dire à titre personnel et non via une structure d’investissement, sont représentées par une autre personne qui a été désignée. C’est du coup très facile pour faire le suivi des communications régulières tout en ayant accès aux compétences de chacun.

« Une des craintes de l’entrepreneur est d’avoir trop d’actionnaires à gérer... Ce qui est intéressant avec le réseau, c’est qu’on a l’avantage d’avoir beaucoup d’investisseurs avec des compétences différentes, mais qui sont représentés par une seule entité. »

Selon toi, quelle est la réelle plus-value de faire appel aux membres de BeAngels ?

E.B - Parmi les investisseurs de BeAngels qui ont investi dans le réseau, beaucoup ont des relations au sein de corporate ou d’autres grandes sociétés. C’est là que ça devient intéressant : ils nous ouvrent des portes, car ils veulent apporter quelque chose. Ce n’est donc plus uniquement une relation entrepreneur / investisseurs (hormis le CA), certains souhaitent prendre un rôle de coaching ou d’ouvreur de portes, et ça c’est vraiment super ! Par exemple, un des investisseurs dans le projet occupe la fonction de consultant en finance et stratégie. Il a travaillé avec nous sur le pricing et le positionnement, tout en nous introduisant à ses contacts les plus pertinents pour nous !

Comment s’est déroulé le processus de ta levée de fonds ?

E.B - Nous étions dans des conditions assez particulières, car nous avions présenté notre projet en décembre 2019. Quand les discussions ont commencé à se rythmer, la crise sanitaire due au covid 19 est arrivée. C’était vraiment l’inconnue, car j’avais l’impression que les business angels allaient plutôt préférer soutenir les startups présentes dans leur portefeuille plutôt que d’effectuer de nouveaux investissements.

Début mars, tous nos rendez-vous clients se sont annulés. On a regardé notre trésorerie et nous nous sommes demandé si on devait réduire les activités de manière temporaire. Puis tout a basculé : on a obtenu le soutien des investisseurs de BeAngels qui ne se sont pas retirés du projet. Nous avons reçu la reconnaissance de SAP (leader de la révolution technologique et des logiciels pour entreprises) comme add-on de leur solution et ils ont confirmé leur volonté de travailler avec nous. Au même moment, nous avons obtenu la signature d’un nouveau client. Nous avons eu beaucoup de travaux qui avaient été entamés qui ont porté leurs fruits à ce moment-là !

Quant à notre dealmaker*, il a dès le départ imposé une certaine cadence et des deadlines et ça a très bien fonctionné. Les négociations auprès de Finance&invest.brussels, qui a également participé au tour de table, se sont très bien déroulées. C’était comme une discussion constructive à trois.

* Le dealmaker est un représentant BeAngels. Son rôle est d’assurer un bon équilibre entre les attentes des investisseurs et de l’entrepreneur.

Quel conseil donnerais-tu à un entrepreneur.e pour gérer ses relations avec les investisseurs ?

E.B - Je trouve qu’il faut faire preuve d’humilité. Il faut accepter de réapprendre des choses. Pour ma part, je réapprends beaucoup et j’en suis super content ! Il ne faut pas hésiter non plus à demander de l’aide aux investisseurs, ils ont tous envie d’aider ! Ils ont tous des points forts, il faut savoir les solliciter avec des demandes assez précises pour ne pas les inonder non plus…

Je conseillerais également de ne pas survendre ses engagements, il faut arriver à respecter ce que l’on avance, et si ce n’est pas le cas ça met tout le monde à mal, et l’entrepreneur le premier…