#3 Portrait de business angel : Anne Cambier

#3 Portrait de business angel : Anne Cambier

BeAngels met en avant tous les mois, un ou une membre de sa communauté d'investisseurs. Ce mois-ci nous nous sommes entretenus avec Anne Cambier, membre active du réseau depuis 7 ans. Après avoir occupé de nombreuses fonctions différentes dans de grandes et plus petites structures, elle décide de se lancer en milieu de carrière à son propre compte dans le domaine des ressources humaines. Ce nouveau chapitre fut en quelque sorte son premier pas vers l’entrepreneuriat, avant de devenir quelques années plus tard business angel.

Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours professionnel ?

Après des études d’ingénieur en mathématiques appliquées, j’ai commencé ma carrière chez Accenture, dans le secteur corporate et de l’industrie. J’y suis restée pendant 8 ans, avant de rejoindre une boîte de télécom en plein lancement à l’époque, Mobistar.

J’ai eu la chance de connaître la croissance extraordinaire de cette société qui devait tout monter depuis le début. J’y ai occupé plusieurs fonctions dans le commercial, la supply chain, le customer service, les ressources humaines et j’ai même eu la chance de pouvoir siéger au comité exécutif. La startup de l’époque avait de bons actionnaires et de l'argent, du coup c’était le champ des possibles. Et de fait très stimulant.

A 45 ans, je me suis dit que j’avais énormément appris dans tous les domaines de l’entreprise grâce à ces différentes fonctions et j’avais envie de me concentrer sur ce que j’aimais : l’humain. Je me suis donc mise à mon propre compte pour aider les entreprises à transformer les ressources humaines en relations humaines.

Comment as-tu pris connaissance de cette activité ?

Un ami m’a demandé si je connaissais BeAngels. Ce n’était pas le cas et en l’écoutant, je me disais que c’était le genre d’activités qui ne me correspondait pas du tout. J’imaginais que cela était fait pour les gens qui avaient énormément d’argent et qui n'avaient plus que ça à faire (rires).

Et puis j’ai rencontré Claire (CEO de BeAngels), qui était peps, dynamique. Je me suis engagée là-dedans sur la pointe des pieds et au travers de la formule du groupe d’investissement (BAC). Quand j’en ai parlé à mon mari, il m’a dit : “Dans quoi tu te lances, c’est un truc de vieux !”. Et puis à force de lui raconter mes soirées avec le réseau et les projets que je voyais passer, il a fini par se faire membre un an après moi (sourire).

Comment expliques-tu t’être lancée dans cette activité un peu particulière ?

Je suis quelqu’un qui de nature aime expérimenter et passer à l’action. Je teste, et je vois si cela fonctionne. Je ne me pose pas mille questions. Je suis donc arrivée chez BeAngels en me disant que je ne connaissais rien et que j’allais découvrir.

Cependant l’activité de business angel me paraissait trop impressionnante et compliquée et je ne savais pas par où commencer. C’est vraiment grâce à la formule du groupe d’investissement (BAC) que j’ai osé sauter le pas. Le groupe m’offrait un environnement rassurant. C’est comme si nous étions tous à l’école pour apprendre.

Quand j’ai commencé le BAC, les coachs qui encadrent le groupe m’ont demandé si j’avais une stratégie d’investissement. Je me suis dit “qu’est-ce j’en sais moi ?” (rires). Mais aujourd’hui, cela prend tout son sens. Avec le recul, c’est par ailleurs assez marrant de regarder l’évolution de son attitude vis -à -vis des projets présentés. Les premiers Forums, tu veux investir dans tous les projets, car ils te semblent tous géniaux, et après quelques mois, c’est la paralysie totale, car tout te semble trop risqué.

Et puis petit à petit, une balance se fait entre les deux. C’est comme s’il y avait une transition mentale qui devait s’opérer par rapport à la prise de risque. Pour cela, il faut se demander : c’est quoi un bon projet selon moi ? Dans quoi j’ai envie d’investir ? Et dans quoi je n’ai pas envie d’investir ? C’est pourquoi il est important de connaître ses valeurs, mais aussi ses compétences. Investir dans un projet sans apporter de plus-value n’a pas de sens pour moi.

Comment mesures-tu ton implication en tant que business angel ?

Mon implication est très variable : comme je suis indépendante, je gère ça en fonction de mes disponibilités. Il y a des moments où je m'implique plus, d’autres où je m’implique moins. Lorsque j’ai envie de suivre un projet, j’identifie qui est autour de la table lors des réunions de due diligence. Si je vois qu’il y a des gens super compétents, je me mets en deuxième rang. S’il n’y a personne de qualifié, que j’ai les compétences et que j’ai un peu de temps, je prends le lead pour analyser le projet. Je m’adapte. Mais cela demande de connaître un petit peu le réseau et de se sentir à l’aise.

Qu’est-ce qui t'a attiré dans l’activité de business angel ?

Tout d'abord, de connaître les entreprises de demain. Voir comment l’économie et les business modèles évoluent. C’est intellectuellement très intéressant.

J’apprécie également le fait de pouvoir ajouter ma petite pierre à l’édifice en contribuant à l'économie de demain via les startups. Je trouve que l’on est parfois un peu trop humble. Pourtant il y a un réel enjeu économique tant au niveau belge, qu’européen.

L’activité de Business Angels me permet également de me faire plaisir et de me sentir bien. Quand je me rends à des soirées de pitch, je rencontre des gens de la communauté, c’est enrichissant, pas prétentieux. Je peux avoir un rôle actif auprès des entrepreneurs, ce que j’apprécie tout particulièrement. J’ai horreur des réseaux où l’on se serre juste la pince avec pas grand-chose derrière. Si je suis business angel, c’est pour être active !

Enfin, j’adore échanger avec des gens qui sont à l’écoute. C’est une tout autre dynamique de ce que j’avais connu lors de ma carrière. On croise nos expériences et j’apprends beaucoup.

Quels sont tes critères pour sélectionner un projet ?

Il faut que le secteur et les valeurs du projet me plaisent. En réfléchissant, la majorité des projets dans lesquels j’investis ont une composante technologique et durable, en lien avec l’environnement. Il faut que d’une certaine manière la startup propose une solution “pour faire avancer le monde” ! Sans oublier l’équipe, qui doit m’inspirer confiance et générer un certain capital sympathie.

As-tu un investissement dont tu es fière ?

Non pas encore (rires!). Mais par contre j’ai des regrets. Parfois j’hésite trop et j’opte pour la prudence. Mais le monde est plein de regrets ! Et puis cela fait partie de l’apprentissage.

Le fait d’investir dans des start-ups t’apporte-t-il quelque chose sur le plan personnel ?

Quand une startup dans laquelle on a investi se porte bien, cela donne un certain sentiment de fierté et de satisfaction.

"Être business angel ça prend du temps”. Es-tu d’accord avec cette affirmation ?

Je pense que je ne me serai jamais lancée dans cette activité avec un job full time ! Mais à tort. C’est une grande plus-value d’être au courant des dernières innovations pour son travail. Je trouve même que cela devrait être valorisé auprès des entreprises.

Mais pour entrer dans le vif du sujet, oui, cela prend un certain temps si l’on veut faire cela correctement. Cependant la digitalisation du réseau permet d’organiser dorénavant des réunions de due diligence en ligne avec les entrepreneurs, ce qui permet un gros gain de temps.

Les femmes business angel sont toujours sous-représentées, y compris chez BeAngels. Qu’est-ce que tu pourrais dire ou conseiller à quelqu’un qui hésiterait à franchir le pas ?

Qu’elle peut tenter l’expérience et se lancer dans cette activité sans pour autant investir des montants astronomiques. C’est également en essayant qu’on y trouve sa légitimité, qu’on perçoit ce que le soutien aux entrepreneurs pour nous apporter.